La Joconde n'est pas Monna Lisa
Pourquoi ce tableau, qui ne représente ni une sainte, ni un princesse, ni une courtisane, est il devenu si célèbre ?
Comment une bourgeoise de Florence est-elle devenue la femme la plus célèbre du monde ?
Mystère de la femme mystérieuse
Selon Daniel Arrasse, le mystère de La Joconde daterait du début du XIX e s , quand par une erreur d'attribution on a cru qu'une tète de Méduse attribuée à Léonard, était le revers de La Joconde. L'erreur fut révélée, la méduse était l'oeuvre d'un flamand du XVII e s, mais le mystère de la Joconde demeura.
Mystère de la commande
Qui n'a jamais entendu ce nom de Joconde ? Pourtant rien ne prédisposait Lisa Maria Gherardini à devenir aussi célèbre
Née en mai 1479 à Florence (Toscane) dans une famille modeste, elle épousa à 16 ans Francesco di Bartolomeo del Giocondo. marchand de tissus à Florence.
En 1503, selon Vasari, Léonard " accepta...de faire pour Francesco del Giocondo le portrait de Monna Lisa sa femme ".
La Joconde (mais Vasari n'utilise jamais ce nom) est une peinture à l'huile sur panneau de bois de peuplier de 77 x 53 cm, , réalisé principalement entre 1503 et 1506, mais retouchée jusqu'à la mort du peintre.
La Renaissance invente le portrait ressemblant (Rolin, Pietro Bembo Durer...) Les puissants de l’époque commandent leur portrait aux peintres. Ils soignent ainsi leur gloire et d'une certaine manière entre dans une immortalité en concurrence avec l'éternité chrétienne.
Pietro Bembo par Titien
La Joconde s’inscrit donc dans ce contexte . Le portrait permet de se souvenir d’un personnage important, laic ou religieux.
Pourtant la Joconde n’est ni sainte,ni princesse ni courtisane. C’est le portrait immensément célèbre d’une personne insignifiante. Lisa Gherardini est devenue malgré elle et grace à Léonard une icône, bien plus qu'une peinture.
Pour un portrait italien, les dimensions du tableau sont assez exceptionnelles. Il est plus grand que les portraits de dames nobles peintes par Botticelli, Lorenzo di Credi, Ghirlandaio, et par Léonard lui même, comme la Dame à l'hermine (55x40) ou La Belle Ferronnière ( 62 × 44 )
La dame à l'hermine de Léonard de Vinci
Seul le portrait de Catherine Sforza peint par Lorenzo di Credi a des dimensions à peu près égales à celles de la Joconde (75x54 ) mais elle était princesse de Forli.
Comment Leonard, connu comme peintre, mais aussi comme ingénieur, a-t-il pu accepter la commande d'un bourgeois florentin alors qu' Isabelle d'Este le pressait peu de temps auparavant de faire son portrait ? Et comment a-t-il pu travailler quatre ans (et sans doute plus) sur ce portrait ? Si Léonard avait accepté cette commande uniquement par besoin d'argent (hypothèse de Daniel Arrasse), il l'aurait rapidement terminé avec l'aide de son atelier, comme le faisait Raphael, et l'aurait livré à Francesco del Jocondo avant de partir pour Milan. Mais La Joconde n'est pas une oeuvre d'atelier.
Ce tableau représentait pour Léonard bien autre chose que le portrait de Mona Lisa, épouse d'un obscur bourgeois florentin. La Joconde est une oeuvre intime, la première,sans doute, dans l'histoire de la peinture
Mystère de l'identité
Le tableau n'ayant pas été remis à F del Giocondo il est resté un doute sur l'identité du personnage .
Comme toutes les autres œuvres de Léonard de Vinci, la Joconde n’est ni signée de datée. C'est Giorgio Vasari qui n'a jamais vu le tableau qui le désigne comme étant le portrait de Monna Lisa (madame Lisa en italien ) c'est à dire Lisa Gherardini.
Alors les élucubrations et les hypothèses les plus loufoques se sont multipliées. La Joconde pourrait etre le portrait d'une prostituée, de la mère du peintre selon Freud ("Léonard de Vinci et le sourire de son enfance"), de Catherine Sforza, d'Isabelle d'Este ou même d’un homme.
Mais en 2005 on découvrit qu' en octobre 1503, Agostino Vespucci, un fonctionnaire florentin, ami de Léonard avait écrit en marge d'un livre de Cicéron que le peintre était en train de travailler à deux portraits dont un portrait de «Mona Lisa del Giocondo».
« Così fa Leonardo da Vinci in tutti i suoi dipinti, ad esempio per la testa di Lisa del Giocondo e di Anna, la madre della Vergine. »
Donc un mystère qui semble éclairci. Léonard travaillait bien au portrait de Mona Lisa en 1503. Mais était ce La Joconde ou un autre tableau disparu?
Mystère de la commande non livrée
En 1506 Leonard quitta Florence pour Milan en enportant le tableau inachevé avec lui. Vasari écrivit : " Il le laissa inachevé après y avoir travaillé pendant quatre ans. Il est aujourd’hui chez le roi Francois de France, à Fontainebleau. "
En 1505 ou 1506 Raphael fit la copie du tableau dans l'atelier de Leonard.
Mais il n'y a aucune ressemblance entre les deux femmes et la douce campagne toscane dessinée par Raphael a remplacée le paysage inhumain du tableau de Léonard. Seule l'organisation de l'espace est conforme à l'oeuvre de Léonard : une femme assise, de trois quart les bras croisés, dans une loggia , devant un paysage encadré par un parapet et deux colonnes bien plus visibles que dans le tableau de Léonard.
Une chose étonnante dans ce dessin de Raphael : l'oeil droit du personnage regarde le spectateur alors que son œil gauche regarde derriere. Or on sait que le regard de La Joconde est particulièrement ambigu : que regarde-t-elle ?
Raphael fut fortement intéressée par le tableau Il s'inspira de la composition à la fois pour le portrait de maddalena Doni 63x45) et de la dame a la licorne (61x51)
Raphael: Portrait de Maddalena Doni (vers 1506)
Raphael: la dame à la licorne (vers 1506)
Francesco del Giocondo ne reçut jamais son tableau car Léonard ne s'en est jamais séparé. Il l'emporta ensuite à Rome puis à Amboise où François Ier le fit venir. Il y travailla probablement jusqu’à sa mort en 1519.
Pourquoi Léonard ne livra-t-il pas le tableau ?
Ce qu'avait peint Léonard (ou ce qu'il voulait peindre) n'était plus le portrait de Mona Lisa . Le tableau était devenu La Joconde, non un portrait ostentatoire de la femme d'un marchand de soieries mais une incarnation . Le paysage n'était plus celui de la douce Toscane mais une abstraction. F del Jocondo n'aurait jamais accepté de payer pour un tableau qui n'était plus le portrait de son épouse et qu'il aurait trouvé horrible.
Léonard s'était approprié le portrait de Mona Lisa et en avait fait une peinture métaphysique .
Mystère de la célébrité
La célébrité du tableau fut immédiate
Comme on l'a vu, Raphael le copia en 1503 puis s'en inspira
Un peu plus tard, Vasari écrivit à propos de la Joconde « Quand on veut savoir jusqu’où l’art peut s’élever et imiter la nature, il faut voir cette tête. Les plus petites choses y sont peintes avec la plus grande finesse. Le cristal brillant et humide de l’œil, l’ombre de ses cils, n’avaient jamais été rendus avec un tel bonheur. Ces teintes rougeâtres et un peu plombées qui cernent les yeux, et qui leur donnent tant de suavité et de charme quand on parvient à les distribuer avec une telle intelligence et une telle légèreté ; ces passages si délicats et ces tons si tendres par lesquels les sourcils et les poils s’harmonisent avec la chair ; ce nez avec ses belles ouvertures et ses facettes reflétées ; ces lèvres colorées et riantes avec leurs attaches si mobiles ; ce cou et ce creux de gorge ; toutes ces choses enfin si fines et si souples ne sont pas de la peinture : elles sont le désespoir des peintres ; on dirait une belle femme qui respire et qui vit. »
Depuis le succès n’a jamais fléchi. Mais bizarrement comme l'écrivit H. Focillon: « Je ne connais pas de gravure de la Joconde antérieure au XIX e s. Pourquoi ? Alors qu'il y eu de multiples copies au XVI e et XVII e s ? »
Joconde du musée de Troyes 17 e s.
Comment expliquer la célébrité planétaire du portrait d'une petite bourgeoise florentine devenue grace à Léonard la femme la plus célèbre du monde?
Mystères de la composition
La Joconde ne respecte aucune des prescriptions de l'époque, c'est à dire celles d'Alberti.
Ce tableau que l'on considère comme emblématique de la renaissance en transgresse tous les codes
La Joconde est apparemment le portrait d'une jeune femme assise sur un fauteuil en bois posé de profil, sans dossier mais avec des accoudoirs en forme de balustrade . Ses mains sont croisées, le bras gauche posé sur l'accoudoir du fauteuil et la main droite sur le poignet gauche.
Elle se trouve probablement sur la loggia d'une villa florentine.
Un parapet et deux colonnes doriques, dont on ne voit que les tores, la sépare d'un paysage montagneux. Le tableau n'a pas été coupé, donc les colonnes a peine visibles sont le choix de Léonard. Le cadrage composé des colonnes et du parapet est renvoyé à l'arriere du personnage.
Seule la balustrade du fauteuil la sépare du spectateur car le muret qui constituait traditionnellement une frontière entre la figure représentée et le spectateur a disparu. Elle est d'autant plus proche du spectateur qu'elle n' a rien dans les mains. Mais tout la sépare du paysage.
La perspective est anormale si l'on suit les lignes de fuites des bases des deux colonnes. La ligne d'horizon est située très haut, légerement au dessus de la tète.
Ce qui fait que le spectateur devrait voir le personnage en plongée de la mème manière que les étendues d'eau. Or au contraire c'est le personnage qui regarde de haut le spectateur.
De plus les parties gauche et droite du paysage ne coincident pas et l'étendue d'eau de droite n'est curieusement pas à l'horizontale.
Il n'y a donc pas d'organisation objective de l'espace . Selon Panofski la perspective est l'instrument d'une vision déthéologisé du monde. L'espace qualitatif laisse la place à un espace quantitatif, mesurable et maitrisable par l'homme.
L'espace de La Joconde reste un espace qualitatif non unifié, un espace gothique.
Mystère du paysage
La situation de la loggia est tout à fait anormale. On a une vue en plongée vertigineuse vers la vallée et le pont.
La ligne d'horizon,ou plutot les lignes d'horizon sont très hautes, au niveau des montagnes rocheuses. La villa est donc située au sommet d’une montagne, sur un rocher comme ceux que l'on voit dans le paysage face à la loggia. Que fait une villa avec une loggia au sommet d'une montagne ?
Le paysage représenté est peu conforme à la douce campagne toscane, idéal de la renaissance.
Il n’y a ni homme, ni animal, ni végétation. C’est un paysage sans vie, totalement inhumain, fait de
rochers, de terre et d'eau, sorte de chaos primitif ou terminal.
Les montagnes pourtant bleutées ont l’air d’avancer par rapport aux vallées du premier plan et elles se confondent avec le ciel.
Dans le paysage de droite on peut voir un pont seul marque d’humanité dans tous le paysage. Ce pont, avec l’eau qui a sans doute coulée dessous mais qui semble avoir disparu, est bien sur le symbole du temps qui passe.
Ce portrait à la grâce souriante est entre deux temps, un avant sans vie mais aussi un après, aussi sans vie.
Mystères du coloris
Les couleurs sont organisées sur un double contraste: le haut du paysage est en couleur bleutée froide alors que la partie basse est dans des tons bruns rouges chauds. Curieusement le bleu du haut du tableau est du lapis lazzulli, couleur réservée aux peintures les plus précieuses. Le paysage a une dominante froide alors que le personnage est en couleurs chaudes. De plus le personnage lui même est tout en clair obscur, un clair obscur adoucis par le sfumato : les chairs claires font contraste avec le vêtement sombre.
La palette est restreinte (nuances de gris, de brun, d'ocre de roux, le jaune des manches, le bleu du paysage imaginaire)
faite de tonalités douces tendant à la monochromie. Une ombre douce enrobe le personnage
Léonard de Vinci utilise le dégradé qui donne une atmosphère particulière au tableau.
Mystère du personnage
La Joconde s’inscrit dans un triangle isocèle , entouré par un paysage et par les éléments architecturaux de la loggia. C’est une parfaite mise en valeur d’un personnage important. On retrouve cette disposition chez Ghirladaio, Botticelli Raphael
Pourtant tout est différent.
Où est-elle ? Elle est assise dans une loggia. Elle est séparée du paysage par deux colonnes et un muret qui forme un cadre. Dans les tableaux de l’époque (Bellini Botticelli Ghirlandaio) le parapet est devant le personnage pour marquer la séparation. Là le parapet est derrière et sépare le personnage du paysage. Le personnage est donc plus proche de nous , dans le même espace. Mais ce rapprochement est contredit par le bras du fauteuil qui ressemble à une balustrade. Mona Lisa est donc séparée du paysage mais aussi du spectateur. Elle a donc son espace propre entre un mur et une balustrade. Elle est proche de nous, puisqu’on ne voit pas d'espace entre son bras et nous mais en même temps éloignée par son bras et le bras du fauteuil.
Le fauteuil , qui n'a étrangement pas de dossier, est parallèle au parapet et pourtant elle nous fait face. Cette torsion du buste peu naturelle est cachée par la couleur sombre de la robe. C'est donc très volontairement qu'elle se tourne vers le spectateur.
Où regarde-t-elle ? La Joconde voit le spectateurs mais ne le regarde pas. Son regard est légerement tourné vers la droite et elle regarde au dessus de la ligne d'horizon pourtant située très haut. Elle toise donc un spectateur qu'elle ne regarde pas. Comme l'avait remarqué Raphael mais aussi Ruskin (dans son ouvrage "l'Art de la Haute Renaissance") : "Les yeux du modèle ne sont pas identiques, de même que le coin de ses lèvres. Un côté s'effondre légèrement, l'autre pas du tout", tout comme le paysage.
Qui est-elle ? Mona Lisa Giocondo ? Elle est habillée de manière très simple: les vêtement sont sombres, peu ornés. Elle n'a rien d'une princesse. Elle porte un voile signe de vertu pour une femme mariée. Elle n’a aucun bijou ce qui la rapprocherais de la vierge, d'une sainte ou d'une nonne.
Ses chairs sont les parties les plus lumineuses du tableau. Son visage et son corps, tout en rondeur, font contraste avec le paysage tout en aretes.
Et puis elle nous sourit, alors qu’elle est toute proche de nous, ce que ne peut faire, selon D. Arasse, qu’une femme de mauvaise vie. Mais une femme de mauvaise vie sans bijoux?
Le mystère de l'identité reste entier. Mais une chose est sure: Francesco del Giocondo n'aurait pas reconnu sa douce épouse.
Le mystère du sourire
Que signifie son sourire? L'homme qui rit, peint par Antonello da Messine en 1470 est le premier portrait souriant de la peinture occidentale, cependant, le sourire du modèle s'apparente plutôt à une grimace.
Le sourire de La Joconde constitue un des éléments énigmatiques du tableau, qui a contribué au développement du mythe. Son sourire apparaît comme suspendu, prêt à s'éteindre.
Ce sourire n'est pas fugace mais il exprime un ideal de perfection et de bonheur dans le monde.
Mais il y a en lui une nuance d'ironie. Elle s'appelle Mona Lisa Giocondo, ma donna Lisa Giocondo, c'est à dire madame Lisa Joyeuse...et elle sourit . Et Léonard l'a voulue souriante :
»Mona Lisa était très belle et il s’avisa de faire venir, pendant les séances de pose, chanteurs et musiciens et des bouffons, sans interruption, pour la rendre joyeuse et éliminer cet aspect mélancolique que la peinture donne souvent aux portraits. Il y avait dans celui-ci un sourire si attrayant qu’il donnait au spectateur le sentiment d’une chose divine plutôt qu’humaine, on le tenait pour une merveille, car il était la vie même. »Vasari
« Or le sourire c’est éphémère, ça ne dure qu’un instant. Et c’est ce sourire de la grâce qui fait l’union du chaos du paysage qui est derrière, c’est à dire que du chaos on passe à la grâce, et de la grâce on repassera au chaos. » Daniel Arasse.
Le mystère de la lumière
La lumière semble venir de derriere le spectateur sur la gauche du tableau Ce qui est parfaitement incohérent si elle est sur une galerie de villa On devrait le voir en contre jour, comme le parapet Pourtant son visage , sa poitrine et ses mains sont les zones les plus claires du tableau. Le contraste clair obscur entre les chairs et les vêtements est très fort. Le paysage paraît plus sombre que les chairs du personnage.
La Joconde n'est pas éclairée c'est elle qui émet sa propre lumière
Le sfumato du visage évite de trop marquer les ombres qui permettraient de savoir d’où vient la lumière, comme si finalement la lumière venait de l’intérieur du personnage, comme si Mona Lisa rayonnait. Or selon Marsile Ficin la lumière est divine; Mona Lisa n’est pas éclairée c’est elle qui diffuse la lumière. Ses mains éclairent alors que le fauteuil est logiquement dans l’ombre. Elle semble sortir de l'ombre en créant sa propre lumière. Le sfumato permet de créer cette ombre douce qui humanise le personnage et lui donne sa puissance d'illusion. Mais sans faire de cette ombre l'indice d'un tragique comme chez les manièristes où l'ombre est toujours mystère et parfois drame.
Duchamp a mis des moustaches à la Joconde et il a ajouté LHOOQ ? C’est une plaisanterie mais peut-etre plus que cela.
Malraux lui a répondu: « La Joconde sourit parce que tous ceux qui lui ont dessiné des moustaches sont morts. » La Tête d'obsidienne (1968) année de la mort de Duchamp
La Joconde est une méditation sur la vie humaine, sur le temps.
Elle n'est pas un portait de Mona Lisa. Elle ne ressemble pas. Elle est une image de l'humanité. Elle emet la lumière et ne la reçoit pas. Cette lumière qu'elle irradie est son corps mystique.
Léonard découvre le pouvoir par lequel « l'artiste, en faisant du rève profane le rival du rève religieux, crée l'irréel exaltant où disparaissent ensemble la dépendance de la créature et la transcendance du créateur » Malraux
Elle est la vie même entre le paysage pré humain de gauche et le paysage post humain de droite. Elle représente la beauté éphémère mais aussi la possibilité par l’art d’échapper au temps. " Ce monde d'objets se révèle... comme la patrie non mortelle d'êtres mortels" H.Arendt
“La seule chose qui soit présente en face de la mort, c’est l’art” »
Cette petite bourgeoise florentine est devenue immortelle par le génie créateur de Léonard et son nom est définitivement sorti de l’anonymat. Elle a vu des milliers d’hommes célèbres ou inconnus la regarder avec admiration. Elle peut donc continuer à sourire en nous regardant un peu de haut.
Mais elle peut aussi etre mélancolique car elle est l’image de l’humanité idéale entre le chaos primordial et le chaos final.
«Le monde a commencé sans l'homme et il s'achèvera sans lui. Les institutions, les mœurs et les coutumes, que j'aurai passé ma vie à inventorier et à comprendre, sont une efflorescence passagère d'une création par rapport à laquelle elles ne possèdent aucun sens, sinon peut-être de permettre à l'humanité d'y jouer son rôle» C. Levi Strauss
On peut donc considérer la Joconde comme étant le premier portrait souriant réussi. Ce sourire échappe au temps par sa perfection. Il est Cosmos, un moment de grace entre deux chaos.